vendredi 26 décembre 2008

Fin d'année et fêtes



Non pas que les Chinois, dans un immense élan collectif, se soient tous convertis au christianisme mais le Père Noël n'est pas un inconnu par ici. J'en ai même croisé un qui acceptait les cartes visa et autres cartes de crédit, comme l'annonçait un panonceau à côté duquel il figurait. Je n'avais pas mon appareil photo hélas.
Côté Lycée c'était un peu le chacun pour soi : les heureux qui partaient, les autres qui ne décarraient pas (comme moi, par exemple.
Les profs restés à Pékin se sont retrouvés par groupes pour des réveillons de fortune. Certains avaient foie gras et champagne, pour ma part j'ai fêté ce réveillon avec Marie-Laure, notre sympatique CPE, en lui offrant un pot-au-feu des familles tandis qu'elle avait apporté des fromages et une vraie bonne baguette française. On a dégusté ça avec du vin chinois. Une sorte de retour au bercail des sensations gourmandes.
Ici, le vin et le fromage (sans parler d'une baguette) sont un luxe rare. Le vin chinois n'est pas toujours mauvais, il n'arrive jamais à la hauteur d'un honnête AOC.
Côté Shakespearien, fête de Noël avec chacun apportant un cadeau et tirage au sort de l'ordre dans lequel on va choisir chacun son cadeau, avec possibilité de voler le cadeau des autres. Un jeu qui nous a bien amusés Chinois, Américains, Anglais, Français, Suisse et Italiens mêlés pour cette soirée du 25 que nous avons passé chez la coach de notre atelier Shashibiya (Shakespeare en chinois).
Ces ateliers sont vraiment une bénédiction, je crois qu'on ne peut trouver à Pékin un tel brassage de nationalités, c'est vraiment le must de l'internationalité pour la ville.
Au dessus une photo prise pendant la représentation du dimanche de la mi-décembre et au dessous une photo de ce que j'aperçois depuis ma véranda, c'est mon spectacle du soir côté ouest de l'appartement.



Bonnes fêtes et bonne année à tous !

jeudi 11 décembre 2008

"Les Français" sont-ils les seuls à heurter le sentiment national "des Chinois" ?



Après-tout on pourrait se poser la question, n'est-ce pas ?
Après tout ce tin-touin autour d'une rencontre. C'est d'ailleurs ce pourquoi je mets des guillements aux "Français" et aux "chinois" dans le titre. Qui et quels sont-ils ces Français et ces Chinois là ?
Tant de chinois, tant de français qui n'ont pas tous les mêmes opinions (c'est même un sport quasi national en France que la création de chapelles diverses et variées, même parmi des groupuscules totalement insignifiants du point de vue du nombre -sans parler des "grands groupes" on trouve des "divergences insurmontables" qui provoquent des fâcheries, des scissions aussi diverses et insurmontables les unes que les autres, c'est dire !).
Revenons donc au sujet initial.
En faisant un petit tour des médias sur la Chine, j'ai trouvé cet article qui peut vous intéresser. Je vous le livre tel quel et ne me fends pas d'une traduction car je n'ai pas le temps (hélas).
Je cite donc :
Foreign affairs
Mapping the hurt feelings of the Chinese people
Posted by Joel Martinsen, December 11, 2008 12:14 PM

China's blogs and online forums have reacted in different ways to the official indignation over French President Nicolas Sarkozy's meeting with the Dаlаi Lаmа.

Boycotts, which played a large role in the anti-French sentiment during the Olympic torch relay earlier this year, were the subject of heated discussion (see Global Voices Online for more details).

But other netizens were inspired by the words of the deputy foreign minister; "The meeting grossly interfered in China's internal affairs, severely undermined China's core interests, gravely hurt the feelings of the Chinese people and damaged the political basis of China-France and China-EU relations."

How many times have the Chinese people's feelings been hurt, anyway? Blogger FangKC searched through the electronic archives of the People's Daily between 1946 and 2006 and discovered that 19 countries and organizations have been accused of hurting the feelings of the Chinese people:

1. Japan: 47 times, starting in 1985
2. USA: 23 times, starting in 1980, when Los Angeles flew the ROC flag
3. NATO: 10 times, mostly relating to the 1999 Belgrade embassy bombing
4. India: 7 times, starting in 1986 and mostly relating to border issues
5. France: 5 times, starting in 1989
6. Nobel Committee: 4 times
7. Germany: 3 times, starting with a meeting with the Dаlаi Lаmа in 1990
8. Vatican City: 3 times, starting in 2000
9. EU: 2 times, starting in 1996
10. Guatemala: 2 times, both in 1997
11. Indonesia: in 1959, when a newspaper inflamed anti-Chinese sentiment
12. Albania: in 1978, for criticism of Chairman Mao and the Chinese Communist Party
13. Vietnam: in 1979, for a high official's slander of China
14. UK: in 1994, over the Taiwan issue
15. The Netherlands: in 1980, over the government authorizing a company to provide submarines to Taiwan
16. Iceland: in 1997, for allowing Lien Chan to visit
17. Jordan: in 1998, for allowing Lien Chan to visit
18. Nicaragua: in 1995, for supporting Taiwan's bid to join the UN
19. South Africa: in 1996, for proposing a two-China policy

Feeling that FangKC had undercounted, blogger Arctosia at Bear's Blog created this map of countries that "have been clearly fingered by state media or representatives of the Chinese government of hurting the feelings of the Chinese people."
JDM081211maps.png
Countries that have hurt the feelings of the Chinese people in black (Arctosia)

The blogger, who also keeps an English-language blog about life in New Zealand, listed 42 countries by region and provided citations (we've just reproduce the list of names):

* Europe (12): Vatican City, UK, France, Germany, The Netherlands, Italy, Spain, The Czech Republic, Sweden, Denmark, Slovenia, Albania
* North America (2): USA, Canada
* Central America (6): Guatemala, Grenada, Saint Lucia, Saint Vincent and the Grenadines, Honduras, Nicaragua
* South America (1): Chile
* Oceania (4): New Zealand, Solomon Islands, Nauru, Marshall Islands
* Africa (9): Chad, Malawi, Burkina Faso, Swaziland, São Tomé and Príncipe, Gambia, Liberia, Senegal, South Africa
* Asia (8): Japan, Vietnam, Philippines, Indonesia, India, Jordan, (disputed: Cambodia, Laos)

Links and Sources

* Bear's Blog (Chinese): The Chinese people are the world's most tenacious
* Bear's Blog New Zealand (English): homepage
* FangKC (Chinese): Don't hurt me anymore via Huang Zhangjin
* China Daily: Sarkozy-Dalai meeting draws Beijing's ire
* James Fallows's blog: Annals of Agitprop

Et j'ai trouvé ce réjouissant article sur :
http://www.danwei.org/ Là vous pourrez aussi trouver la carte qui manque ici.
En gros : nous ne sommes pas les seuls, vraiment pas, à avoir heurté le sentiment national chinois ! Non pas que ça rassure, mais ça aide à relativiser.

The show must go on

Hé oui ! C'est parti pour les représentations avec le groupe shakespearien est-ouest.
Un petit avant goût ?
La scène de Macbeth avec les sorcières, en chinois bien entendu.
(vous m'excusez pour la piètre qualité de l'image : la vidéo est prise avec mon appareil photo, pas pratique à manipuler et il ne voulait pas faire de zoom. De plus j'aurais dû me mettre un peu plus loin etc...)



Et puis, en vrac, quelques photos...
Ci-dessous un moment d'Henry the IVth



La danse avec Mickael qui a un talent de comique assez poussé



Le même à un autre moment



Dimanche dernier, autres scènes :
Pour une scène de Henry the IVth toujours, petit groupe de buveurs dans le pub où se passe la scène



Midsummer's night dream, une Hermia très convaincante, je vous jure



Et dans le rôle de spectatrice on est prise par le jeu des autres

samedi 6 décembre 2008

Le choix du coiffeur



L'hiver a commencé alors que je n'ai pas encore réglé le problème des deux radiateurs sur cinq qui ne fonctionnent toujours pas dans mon appartement. Au dehors, quand le vent souffle c'est la Sibérie quant à la sécheresse ambiante, elle développe une électricité dans l'air qui vous donne des secousses au contact de la plupart des objets métalliques, et vous dresse les cheveux sur la tête au moindre coup de peigne...
Des cheveux qui ont poussé depuis que Julie, ma coiffeuse à Paris, les a coupé pour la dernière fois... en juillet !
Mais chez quel coiffeur aller, à qui confier ma précieuse tête ? Depuis un certain temps j'observe les intérieurs de tous les salons de coiffure devant lesquels je passe, j'essaie, au look, d'évaluer l'habileté des lifashi (coiffeurs/ses) qui y officient. Et des coiffeurs il y en a en abondance ! C'est un corps de métier très bien représenté à Pékin, beaucoup de jeunes, des moins jeunes, des hommes surtout.
Certaines de mes collègues s'y sont déjà hasardées, pas téméraires : "deux ou trois centimètres en moins sur la longueur, la même coupe SVP". Je pense que, dans un premier temps je ferai comme elles, je n'ai surtout pas envie de ressembler à la dame du dessus, surtout pas avant d'avoir joué Cléopâtre dans le show que nous allons donner à la fin de la semaine à l'atelier shakespearien !
Car nous allons donner une représentation, les dés sont jetés et on joue jeudi, vendredi, samedi et dimanche, sauf que je me suis prudemment retirée des deux premiers spectacles pour me laisser respirer et je ne jouerai que le samedi et le dimanche. A mon programme : un sonnet en anglais, un petit monologue de Cléopâtre en Italien et Gertrude, la reine, dans Hamlet, la scène où elle meurt. Ca va, ce n'est pas trop dur, surtout que notre Hamlet Chinois ne me laisse pas tomber comme un sac à patate sur la scène, il accompagne ma brève agonie avec des gestes d'une surprenante douceur, c'est soft et il y a même des moments où je me demande si sa mère ne lui manque pas un peu (elle est aux USA, c'est un chinois né et élevé là-bas).
Ce week-end a été un week-end festif dans la communauté réduite du lycée français : un anniversaire et un mariage fêtés ce samedi. J'ai évidemment fait les deux !
L'un plutôt poméridien et l'autre plus soirée arrosée et dansante.
Joyeux, tout y était y compris l'épisode des voisins perturbés qui l'ont fait savoir.
Mais, dans les "résidences" où certains d'entre-nous logent, la manière de le faire savoir c'est d'envoyer une alarme chez les gardiens qui mettent en action une alarme chez vous. Comme ça si tout l'immeuble n'est pas réveillé c'est vraiment qu'ils ont loupé leur coup. Remarquez, un gardien affable vient tout de suite chez vous pour arrêter la susdite alarme. A priori pas d'amende, juste une sorte de coup de semonce.
Dans les deux fêtes il y avait quelques chinois et chinoises, ce qui faisait plaisir tout de même.



La jeune femme avec son bébé (Yi Wen, le bébé) est l'épouse d'un instit, c'est une joueuse d'erhu dans un orchestre de type orchestre national. Le erhu est un instrument traditionnel chinois, une sorte de violon. Mon loyer, qui est l'un des moins chers dans la communauté du personnel français du lycée, représente déjà deux fois et demi son salaire mensuel. Et elle devrait sans doute s'estimer heureuse car elle est payée mensuellement. On peut comprendre l'agacement de certains chinois face aux expats.



Voici un autre chinois, Didier, qui était à la fête vespérale, et qui m'a fait part de sa totale incompréhension face à un phénomène étrange : les profs de fac, ici, gagnent moins que les profs de lycée. Il le sait bien puisqu'il a expérimenté les deux. Comme la plupart des Chinois nés en France, sa famille est originaire de Wenzhou, pas très loin de Shanghai, une région du sud où on trouve beaucoup de commerçants, ce qui leur vaut la jalousie des pékinois qui prétendent que ce sont des roublards, des gens auxquels on ne peut se fier.

Pour finir, une anecdote.
Je suis allée voir un film de Stanley Kwan, "Center stage", un film très beau et très intéressant sur une star du cinéma Chinois des années trente avec des reconstitutions de scènes de films perdus, des scènes recrées de sa vie jouées magistralement par Maggie Cheung. Une scène du film montrait la mère et l'héroïne chez elles un soir, dans les années trente donc. L'ampoule claque, noir, réplique de la mère : "C'est bien des ampoules chinoises ça ! Elles ne tiennent pas deux jours !", toute la salle qui s'esclaffe, chinois comme waiguoren (étrangers) ! Il y a des choses qui ne changent vraiment pas en Chine !
En passant près du bahut avec une collègue, on a assisté perplexes à la démolition de vitres qui venaient d'être posées dans un bâtiment en construction. Pourquoi les poser pour les briser quelques jours après ? ah, la Chine mystérieuse !



(l'immeuble en question mais, hélas, on ne voit pas les éclats de verre)

samedi 29 novembre 2008

L'automne bat son plein



Et pendant que cette grand-mère balaie les feuilles qui sont tombées dans la cour de son hutong, je commence à me poser la même question que mon tongxué (collègue) de l'INALCO, Adrien qui vit à Taïwan, "maintenant que je suis ici, je vais y faire quoi ?", juste l'étape après celle du "c'est génial, j'ai tout à découvrir", comme Adrien le fait si justement remarquer. Le site d'Adrien, pour ceux que ça intéresserait c'est : http://taiwan-101.blogspot.com/



Et voilà une voisine ou une parente qui vient l'aider !
Chez moi les appareils domestiques se détraquent : deux radiateurs du chauffage central out sur cinq, l'évier fêlé de la cuisine -qui avait enfin été remplacé au bout d'un mois et demi- se retrouve avec un tuyau et un robinet qui fuient. C'est au point que je pense effectuer des bricolages moi-même car c'est toujours le cauchemar de devoir faire appel à l'agence.
Certains profs me racontent leurs déconvenues du même tabac dans leurs appartements (précédents), apparemment c'est monnaie courante les dysfonctionnements du chauffage et de la plomberie, en bref je suis dans la bonne moyenne. Tout va bien, je suis rassurée. Quand je vais faire la vaisselle dans la salle de bains où le lavabo n'est pas bien fixé, je me dis qu'au moins je n'ai pas à aller tirer l'eau au puits!
C'est presque le cas dans certains hutongs, il y a des maisons où les habitants doivent aller au point d'eau en extérieur, imaginez l'hiver quand on doit se laver la tête. Et quand on voit la minceur et la fragilité des murs et des cloisons, les fenêtres réparées avec du carton ou autre matériau de fortune, on se dit que ce doit-être bien dur d'habiter dans ces hutongs là.
Par contre, lorsqu'ils sont retapés, ce peut être magnifique. Autour du lac Houhai c'est le cas, je vous montrerai un de ces jours.
Je remarque, dans des hutongs justement, de plus en plus de cumulus fonctionnant au solaire. comme celui qui suit.



Qu'on ne vienne pas me dire que les chinois ne se préoccupent pas de l'environnement. Il en est qui le font, c'est clair.
Mais les urgences sont ailleurs, si vous en avez le temps et l'envie, allez faire un tour sur "rue 89" pour avoir des idées sur les problèmes locaux, par exemple.
Moi, pendant ce temps, je vais m'entraîner pour le spectacle de notre atelier où je travaille sur une scène de Cléopatre... en Italien.



PS : Au bahut on nous a remis une "feuille d'intention" pour savoir si on remettrait bien ça (rester au Lycée Français)ou pas pour l'an prochain. Je suppose que personne ne doute de la réponse que j'ai fourni, n'est-ce pas Manu ?
Mieux vaut ne pas confondre le yin et le vin :le yin, tu en as ou pas ou plus ou moins et c'est gratuit, le vin tu peux en avoir mais c'est pas toujours du bon vin et c'est cher... quoique... une collègue m'a fait découvrir des petits vins chinois à des prix abordables et pas désagréables au goût alors....Si tu vois où je veux en venir, Virginie !

lundi 17 novembre 2008

Shakespeare en Chine



Vous allez dire : c'est la série littéraire. Pierre Loti, Shakespeare et je redécouvre même, via des lectures que le CDI peut m'offrir, Pennac dont j'aime vraiment le style.
Pourquoi donc Shakespeare ? Mais parce que je suis un atelier de théâtre shakespearien. Et vous savez quoi ? C'est le seul endroit où on communique bien avec des chinois. D'abord parce qu'ils parlent bien l'anglais, ensuite parce qu'on est réunis là pour jouer et que ça nous plait à tous ! Dailleurs, regardez-les : ils sont ravis !



Au dessus vous avez Anne Grace qui donne des instructions à un groupe. (On était dans un café, pas notre lieu habituel, c'était un peu restreint comme espace)

Eux, les chinois, ils jouent des scènes en chinois. Pierre, un de mes collègues du lycée, joue un texte en français et moi, puisque c'est comme ça, je joue un tout petit passage de Cléopâtre en italien, tous les autres en anglais. Notre prof, Anne Grace, aime le mélange des langues. Là où elle fait un peu fort c'est qu'elle nous fait préparer un petit spectacle pour... la mi-décembre. Mais, bon, on verra bien.
Aujourd'hui je vais faire plus de place aux photos et moins au texte, je vais vous présenter les shakespeariens de Beijing.



Regardez l'air ravi de Pierre -au dessous- qui a un monologue : Claudius dans Hamlet.



Janick, elle, celle qui est en dessous, aura un sonnet et un monologue qu'elle travaille avec ardeur.



Mais, pour finir, une autre photos, un autre univers : un graphiti sur de la poussière de sable collée à un muret à la sortie B de la station de métro Shuang jing.

dimanche 9 novembre 2008

J'ai découvert la lune... et Pierre Loti


Mais oui, Pierre Loti, un écrivain dont "Le pêcheur d'Islande" ne m'avait jamais tentée. Hé bien figurez-vous que "Les derniers jours de Pékin" (1899-1900) sont fort intéressants, à condition de prendre ce livre comme un témoignage historique, le témoignage de quelqu'un qui était arrivé à Pékin après que l'Impératrice se soit fait les malles et que le saccage de la ville ait été bien entamé, y compris dans la Cité Interdite désertée par ses habituels occupants et où Loti a habité quelques jours dans l'un des palais de la susdite Impératrice. Loti... quelqu'un avec qui on ne partage pas forcément tous les points de vue (et puis il y a cet écart d'un siècle !).
Comme moi (et sans doute bien d'autres) il découvre l'immensité des lieux. Dans ce passage il va du temple de Yong He Gong (à un quart d'heure de chez moi) à la Cité interdite où il loge (4lieues):
"A travers les solitudes de Pékin, j'ignore le chemin à suivre pour sortir de ces lieux morts où nous venons de passer la journée et où jamais je n'étais venu. J'ai pour guide un mafu(...)je chemine un moment encore au milieu du silence des vieilles rues sans habitants pour arriver bientôt dans des avenues larges, qui paraissent sans fin (... passage un brin raciste) Ce retour me paraît interminable, dans le froid du soir"
C'est en lisant ces "notes envoyées de la Chine" au Figaro que, moi, je réalise que cette démesure que je croyais calquée sur les USA fait partie intégrante de cette civilisation !
Du temps de Loti (et même avant donc) c'était déjà contrasté : maisons basses de la ville mongole, Cité Interdite grandiose. Cette dualité qui frappe tous les touristes ou voyageurs de passage, tous ceux qui découvrent la ville, elle datait de l'époque de la création de la ville et, surtout, de celle de la Cité interdite.
Aujourd'hui la démesure touche bien d'autres endroits, elle concerne surtout les monuments publics (Stade Olympique, CCTV, Ministères, gares...)puis gagne des lieux résidentiels et commerciaux chics de la ville (grands hotels, centres commerciaux...). En bref tout ce qui se doit d'être prestigieux et qui s'auréole de marbre, de métal et de verre.
Bref j'ai découvert la lune ! Quant à Pierre Loti c'est intéressant un moment, histoire de corriger ses erreurs d'appréciation ou d'interprétation, mais on s'en lasse. Je l'ai quitté après qu'avec son camarade avec lequel il partageait le palais, ils y aient fumé quelques pipes d'opium et découvert toute la magnificence des lieux et des objets qui les entouraient. Le retour à Tian jin en jonque tirée par les coolies chinois ne me tentait guère.
Je suis passée à quelqu'un de plus contemporain et plus vivante (à la décharge de Loti, son voyage se déroulait dans des circonstances tragiques, macabres) Zhang Jie.
Malgré son titre : "Ailes de plomb", le roman est très enlevé, d'un style ironique pour décrire les travers moaïstes de ses contemporains. Un peu dans la veine du Kundera de "Risibles amours".
Et moi, que deviens-je, me direz-vous ?
J'ai expérimenté la pédicurie à la chinoise avec massage des pieds : un régal !
Le massage tout court : c'est fou ce que la maturité apporte comme courbatures et ce que le stress de la vie urbaine apporte comme tensions ! J'ai dégusté ! Et j'ai appris à cette occasion que, dans la classification chinoise, mes tensions et courbatures sont la marque d'un excès de yin.
Impressionnant le masseur : un vieux monsieur mal voyant qui, je le sentais, captait tous mes désagréments. Et heureusement car, pour m'exprimer, je possède un vocabulaire assez limité, en particulier en ce qui concerne les parties du corps "mollet", "talon", des mots genre "crampe" et autres joyeusetés...
Ah le chinois !
Il y a un vent de panique au lycée parmi les gens que je fréquente. Tous-toutes se préoccupent de chercher un ou une prof de chinois pour pouvoir communiquer un peu avec les autochtones (tout en sachant qu'un au-delà du "bonjour-bonsoir", "passez-moi la carte SVP" et "ce n'est pas ce que j'avais commandé" relève du miracle). Tous sauf l'une de mes collègues documentalistes passionnée par la montagne et qui a passé quelques jours de ses vacances sur le Fujiyama ! Elle, elle s'en fout ! Que la montagne soit en Chine, au Japon ou au Pérou, pourvu que montagne il y ait ! Et en ville, je vous dit pas, une traversée de la ville qui me donnerait des sueurs froides, elle l'envisage allègrement et sans ciller. Parfois, face à nos airs ahuris et quelque peu admiratifs (comme on admire un phénomène), elle se pose tout haut la question de l'aspect pathologique, voire obsessionnel de cette passion, mais rien n'y fait, tous les week-end, elle randonne.
Et moi qui ne peut même pas voir un film documentaire digne de ce nom ! Pour pouvoir lire des articles sur la vie culturelle à Pékin je me rabats sur les "Beijinger" et autres parutions pour expats.
Le film de Wang Xiao Shuai (qui a fait "Beijing bicycle") sur la Toscane que j'ai vu au centre culturel Italien était typiquement un film de commande pour amener des Chinois en Italie, dans cette région en particulier. Expédié en 3 semaine le film, où le cinéaste se raccroche à une superbe italienne photographe censée être son fil directeur (en fait on la suit partout et on la voit même quand ce n'est absolument pas nécessaire, très belle à part ça, on peut comprendre). On l'a balladé pour montrer une image de la Toscane digne d'attirer le touriste chinois (le film est passé sur CCTV, la grande chaîne chinoise).
Toutefois, le petit cocktail après le film valait le déplacement ! Ici beaucoup de choses ne sont pas chères pour nous, sauf le vin par exemple : il y en avait et du bon ! Les amuse-gueules italiens bien du terroir très bons aussi. Un plaisir !
J'ai aussi engagé la conversation avec le directeur de programmes de CCTV qui a programmé le film, un type d'une trentaine d'années : fin de non recevoir et rideau dès qu'il a été question de le contacter pour une éventuelle visite de studios ou intervention pour la semaine de la presse au Lycée Français ! Très correct, poli, renvoi de balle à l'envoyeur, élégant mais intraitable.
Pour en revenir au cinéma, il va y avoir un festival de court-métrages de jeunes réalisateurs que j'espère pouvoir suivre en partie. S'il y a lieu, je vous en parlerai.
J'ai participé à des ateliers Shakespeare, suivi deux "cours", mais la personne qui mène ces ateliers veut que nous nous engagions pour 4 représentations en décembre... un peu short. De plus, je me suis remise au chinois, seule en ce qui concerne l'écriture, avec mes cours de 2ème année, c'est assez prenant. Ce qui était sympatique c'est que nous étions très mêlés : anglophones, deux autres profs du lycée et passionnés de Shakespeare chinois, tous sympatiques. Les chinois, à l'anglais impeccable, jouent parfois Shakespeare dans leur langue, ce qui ravit tout le monde.
Par ailleurs, je me pose un tas de questions sur nous, les expats, aux salaires mirobolants pour les pékins du coins. Des questions aussi sur ce sur quoi tient cette tranquillité qui nous entoure. Ce qu'on représente aux yeux des chinois (quand ils s préoccupent de nous ou ont affaire à nous)... Mais on en reparlera peut-être de tout ça une autre fois.
La photo au dessus : un hutong quand la nuit est tombée (elle tombe vers 6h du soir)

samedi 25 octobre 2008

Dashanzi



(Emballage d'une oeuvre d'art)

Dashanzi, c'est le nom d'un quartier où un bon nombre d'artistes s'étaient installés dans les années fin 80-90. A l'époque c'était "l'avant-garde", aujourd'hui c'est devenu un quartier de galeries très visité par les touristes étrangers ou chinois. C'est un marché de l'art, une foire-expo permanente bien délimitée où l'on passe d'une galerie à une autre, d'une rue à une autre et, finalement, malgré la diversité des productions artistiques, le fait d'être réunies là leur enlève du souffle.


(nouvelle galerie en perspective)

Quand, au hasard d'une ballade, on tombe sur une galerie que l'on visite, avec son choix d'artistes, son unité ou sa diversité, sur une sculpture, on peut apprécier l'objet, les oeuvres. Là, dans ce quartier musée (nommé aussi 798), certaines oeuvres perdent complètement le sens qu'elles devaient avoir quand elles ont été créées. J'ai pensé au film "Les statues meurent aussi" de Marker et Resnais pendant que je parcourais les rues.


(photographe à l'oeuvre)

Il paraît qu'il y a d'autres lieux plus intéressants où des artistes se sont regroupés, notamment un village au Nord-est de Pékin dont personne n'a su me donner le nom, mais je trouverai.

A part ça mes problèmes avec la banque ICBC prennent une allure kafkaïenne. Toujours ce système où, au lieu de m'ouvrir un compte en banque ils m'ont ouvert un carnet d'épargne (!!!), ce qui fait que je dois transférer l'argent du compte épargne à la carte bancaire pour pouvoir faire des achats par carte dans des magasins. Je ne développerai pas sinon je vais m'énerver. Toujours est-il que, comme ils s'acharnent à me parler en anglais, je trouve un peu curieux que des employés de banque ne connaissent pas les termes de "banking account" pour "compte bancaire" et "amount of money" pour le "montant" et quand je leur dis "the summ of money" ils ne pigent pas plus -alors là je dis "yi kong, wo de qian yi kong", ça va un peu mieux. Vous avez alors un aperçu des difficultés que je peux rencontrer et, en fait, je ne sais pas exactement combien j'ai sur mon compte, et si je veux le savoir il me faut mon carnet (d'épargne !), mon "passeport chinois" que moi j'appelle "carte de résident" etc... En ce moment je fais un total blocage, j'attends que ça me passe pour y retourner. Entre temps je chercherai à me doter du vocabulaire en chinois.

Au dessus et en dessous des photos prises à Dashanzi où, hélas, vous n'aurez pas la notion de l'étendue du lieu.


(serveurs de café "artistique")

mardi 21 octobre 2008

Le lancier de dongzhimen nei beixiaojie

Le film n'est pas extraordinaire mais on le voit quand même à l'oeuvre. Tous les matins entre 7h30 et 8h30 environ.



Si, comme moi, vous ne pouvez voir la vidéo à cause de plug-in manquants, vous avez toujours les photos !
En compensation je vous envoie ces photos du même.


dimanche 19 octobre 2008

C'est dimanche


Mais que ce soit dimanche ou pas, rien à voir avec la choucroute. D'ailleurs en parlant de choucroute, ils ne connaissent pas ici. Ils ont la bière, la Qingdao, en souvenir de la présence allemande sur leur sol, ils ont beaucoup de choux de diverses sortes -avec x et sans x-, ils ont des saucisses (j'ai même vu des sortes de saucisses de strasbourg, l'horreur ! mais je n'ai rien contre Strasbourg, c'est pas ça le problème), en bref ils ont tous les éléments mais cela ne correspond pas du tout, la choucroute, à leur génie culinaire.
Ils ont beaucoup de chou(x) mais pas toujours les sous pour se payer les chou(x), quoique le chou(x), à vrai dire , c'est pas ce qu'il y a de plus cher ici. Mais ils n'en mettent pas parchou(x), je veux dire partout.
Et à ce propos, j'ai mangé d'excellents, succulents jiaozi (traduire raviolis pékinois) aujourd'hui !
C'est derrière le marché de fruits, légumes, halles aux viandes et poissons de Deshengmen où j'étais déjà allée une fois avec Odile, la prof d'allemand qui aime les marchés. C'est pas en évidence, c'est caché, c'est pas vraiment un restau, c'est des "stands" de marchands qui font la cuisine. Il y a de longues tables où on s'installe dès qu'on a son plat et on déguste. C'est vraiment pas cher et très bon donc on est en compagnie de gens qui, soit connaissent le lieu et apprécient, soit n'ont pas tellement d'argent et qui apprécient aussi. Ce n'est absolument pas le 4 étoiles, pas de chefs de rang, pas de serveurs, de soubrettes, mais pour les papilles c'est la joie. Avec mon look d'occidentale je me sentais incongrue, ils avaient l'air étonné de me voir là, amusés aussi. Toutefois, dans les jiaozi, il n'y avait pas de chou(x).
Pour aller dans ce marché on peut passer par une série de lacs : Xihai et Houhai après on a Qianhai, mais là on s'éloigne). La ballade est très agréable surtout qu'on a un mois d'octobre exceptionnellement doux (et chou). Sur les bords du lac un bon nombre de pêcheurs, on ne sait pas très bien ce qu'ils pêchent.

Au fait, et même si ça n'a aucun rapport avec ce qui précède, quelques-un(e)s d'entre-vous ont dû croire que la femme qui réparait le vélo dans la photo de mon précédent message c'était Janik, pas du tout : c'est une réparatrice de bécanes dans ma rue. Janik la voilà devant le collège avec son vélo :



Je lui ai offert, à Janik, de partager mon blog, ce sera un blog à deux voi(es)x.
Et dans le genre erreurs et malentendus elle est pas mal non plus. J'espère qu'elle ne tardera pas à s'y mettre.

Ma rue, je commence à la connaître et comme j'ai un parcours régulier pour aller travailler et revenir du lycée, je commence à repérer des personnages. Il y a un type un peu bizarre qui court dans les rues du hutong par où je passe. Il fait un peu idiot du village. Un autre s'entraîne tôt matin avec une sorte de hallebarde qu'il a affublé d'un tissu rouge. Il fait ses petits exercices d'arts martiaux avec, je ne sais pas du tout ce que ça vaut mais c'est assez répétitif et il semble un peu pataud. Il me fait penser au voisin de la tante qui accueille le héros dans Zatoichi de Takeshi KItano, en moins gros et beaucoup plus âgé.

En ce moment il y a des travaux dans ma rue, mais à vrai dire des travaux, ici, il y en a partout.
Les travailleurs migrants sont revenus.
On en voit avec les casques et d'autres sans casques qui ont l'air d'attendre dans des camionettes.
Ceux avec casques sont nombreux ils travaillent mais pas toujours comme des forcenés, vu le nombre pour la tache. Par contre pas de "confort" dans le travail, rien pour la protection des oreilles pour ceux qui sont au marteau piqueur.
Aujourd'hui j'ai même croisé des gens qui retapaient leur maison dans le hutong d'en face, en dur, avec des briques oranges, pas laides. On suppose qu'ils ont la permission, c'est impensable sans, au vu et au su de tout le hutong, avec son poste de police dans l'une des rues. Donc, certains habitants peuvent réaménager leur habitation. Aussi, entrevu dans un hutong, un cumulus fonctionnant au solaire.

Pour le cinéma il y a du nouveau, j'irai un de ces jours à une projection dans une sorte de café -dans un hutong encore- où ils invitent des jeunes réalisateurs qui montrent leurs films. On (Janik et moi) avait juste raté la précédente où un réalisateur chinois présentait son "bad boys" qui a remporté un prix au festival de Rotterdam. Mais mardi soir je ne louperai pas Wang Xiaoshuai (Beijing bicycle) qui sera à l'institut culturel italien pour présenter un film qu'il a réalisé en Toscane.
Enfin autre chose que du shopping.
Remarquez à propos de shopping, j'ai dégotté un créateur chinois dont les vêtements sont tout simplement magnifiques, de toute beauté : coupes, tissus, détails qui tuent, finesse d'exécution, une merveille. Evidemment il n'est pas donné, il connaît sa valeur, mais ses prix sont encore abordables si on veut se faire un grand plaisir délicat et fragile.
A propos de beauté, que pensez-vous de l'ombre de ces deux amoureux en début de message ? Une photo dont je ne suis pas peu fière. Leur ombre est portée sur le mur du temple de Yonghegong, pas loin de chez moi.
Pour finir, moi c'est pas le vélo qui me fait envie c'est ce que vous voyez en dessous.



Ne serait-ce pas génial ?

Avant de vous quitter, si vous avez envie de connaître l'état de l'eau à Pékin -ce qui me tracassait assez car je me demandais si c'était un délire collectif ou si c'était fondé cette méfiance de nombre de gens ici à propos de l'eau qui coule de nos robinets- j'ai trouvé un site canadien qui me semble sérieux et qui m'inciterait plutôt à éviter de boire cette eau, même bouillie.

http://eau.apinc.org/spip.php?article658

mardi 7 octobre 2008

Surbookée




Y en a un qui se plaint que je ne continue pas la liste de mes mésaventures mais je suis SURBOOKEE.
Entre le boulot, l'automne qui fait son apparition -alors que mon chauffage central ne se mettra en marche que le 15 novembre, que j'ai ainsi tout le temps de me transformer en glaçon, qu'il faut donc que je trouve vite fait un chauffage d'appoint ; que je dois impérativement trouver des vêtements chauds, et dieu sait combien je suis difficile-, les diverses péripéties de la vie quotidienne, l'aménagement de mon appart (si vous saviez comme ça bouffe du temps les visites chez IKEA, car on veut aller au plus pressé et au plus pressé ici, pour meubler minimum vital, ça se traduit "IKEA" parce que si on doit traîner des jours entiers à Gaobeidian (un petit quartier de meubles anciens ou simili) ou à Panjiayuan (le marché aux puces) on sera déjà en mars 2009 que j'aurai toujours pas trouvé les "bons" meubles.

Heureusement il y a les profs sympas du Lycée, les bonnes âmes qui ont pitié des nouveaux arrivants ou qui se souviennent, attendris, de leurs premiers pas à eux dans ce monde impitoyable. Ceux-là nous prennent par la main et nous font faire de petites visites fort utiles.
Ainsi Wei Hong, une chinoise prof de chinois, qui m'a accompagnée à Carrefour pour que je puisse enfin trouver des draps à la mesure de mon lit et non plus des housses de couette aux imprimés frais et printanniers.
Carrefour ! J'étais heureuse d'aller à Carrefour , j'aurais jamais cru ça de moi !
Ainsi Odile, prof d'allemand, qui m'a présenté un vendeur de plantes qui se trouve dans une cour de bâtiment, un monsieur charmant qui vend pas cher et beau. Et c'est aussi Odile,avec qui nous partageons l'amour des marchés, qui m'a accompagnée dans un marché aux fruits et légumes avec une halle aux poissons et une halle aux viandes, à Deshengmen. Après on a embrayé sur un hutong proche d'où proviennent les photos qu'Odile a pris et m'a envoyées d'un intérieur remarquable :



Magnifiques les fruits et légumes dans ce marché de Deshengmen. Dailleurs on trouve ici des légumes qui ont un tel goût de ce qu'ils sont (des tomates qui ont le goût de tomates, des carottes qui ont le goût de carottes and so on...) que je me fais de plus en plus de salades. Pas de moutarde pour la sauce ? Qu'à cela ne tienne, on y met du soja et c'est très bon!
J'ai aussi redécouvert le plaisir du jus de fruits : mangue, durian, pastèque, melon, kiwi, tout peut se décliner en jus de fruits ici. Il y a, dans certains marchés ou supermarchés, des stands de jus de fruits où on peut en déguster pour quatre sous. Un régal. Et comme je voulais m'en faire à la maison, j'ai fait l'achat d'un mixer. Là j'ai encore maudit la banque, ses employés et ma propension aux malentendus.
Je voulais utiliser ma nouvelle carte pour payer et j'apprends que je n'ai pas un sou vaillant sur cette carte. Je finis par comprendre que j'ai établi une carte, certes, mais qu'après il faut transférer de l'argent depuis le compte pour l'alimenter. Pour l'employée de la banque c'était une évidence, pas pour moi.
Bon, là, pour l'achat du mixer, ça s'est réglé grâce à ma visa française mais j'ai très vite alimenté la carte. Pour une fois ça n'a pas posé de problèmes.



(Au dessus, suite de la photo précédente)

Où en étais-je ?
Ah, mes collègues !
Il y a aussi Sandrine, une des deux autres docs avec qui je travaille (l'autre, Marie-Dominique, part en randonnée dès qu'elle a un moment de libre, elle randonne un max et doit connaître plein d'endroits superbes à la campagne). Sandrine aussi a pitié de moi. Avec son mari Frank ils m'ont accompagnée encore une fois à Panjiayuan samedi dernier.
J'aime bien ce très grand marché aux puces qui se divise en allées spécialisées : perles, bouddahs, vêtements et accessoires de minorités (je ne sais hélas pas lesquelles), vases, quelques meubles, une galerie consacrée à la calligraphie... Certes c'est très touristique mais c'est comme à Clignancourt ou Montreuil, on y trouve toujours quelque chose.
Le seul hic dans tout ça c'est que j'amorce comme un repli dans la communauté française, c'est le piège. Mais bon nombre d'expat, même ceux qui sont là depuis longtemps et qui parlent bien chinois, à qui j'ai demandé s'ils avaient des amis chinois, m'ont répondu que c'était extrèmement difficile de nouer des contacts approfondis avec les pékinois ou les chinois en général.

Parmi les profs et personnels du lycée il y a ceux qui affichent une sinophobie inébranlable, un dédain prononcé pour tout ce qui est chinois, de l'alimentation aux loisirs... à tel point qu'on se demande pourquoi ils ne prennent pas aussi sec leurs jambes à leur cou pour fuir un pays si abject !
Il y a ceux qui sont là de longue date et qui n'envisagent pas de partir ou qui le feraient avec regret.
Il y a ceux qui sont dans la découverte, et là chacun est livré à soi-même, à ses envies, à ses goûts.
Ainsi Eric, prof de maths, venu direct de la Réunion dont il est originaire, voulait absolument connaître le quartier russe, c'était son dada. Moi c'est les quartiers et les marchés, les lieux d'art et de cinéma.
Ainsi Janick, nouvelle prof d'anglais, elle c'est au feeling. D'ailleurs elle a vite compris que dans son état d'esprit il fallait se munir d'un vélo et la voilà armée pour mieux connaître la ville.



Moi, pour l'instant, le vélo je ne m'y hasarde pas parce que la circulation ici c'est très spécial. Le petit bonhomme vert et le petit bonhomme rouge auxquels on a appris à se fier pour traverser les rues depuis notre plus tendre enfance, ici niet.
La traversée, que le bonhomme soit vert ou rouge, se fait en trois temps : on s'aventure quand les vélos et voitures qui tournent nous laissent un répit, ensuite ce sont ceux qui vont tout droit et qui, eux, obéissent aux injonctions du sémaphore, là c'est cool, puis il y a qui tournent en troisième partie du parcours. Ainsi on est souvent bloqué en plein milieu de la rue mais ça va, les voitures qui passent nous contournent. S'arrêter et nous laisser passer, c'est pas dans les habitudes, bien que ça puisse se faire, exceptionnellement.
Donc, dans ces conditions, on comprend pourquoi je trouve l'attitude de Janik extrèmement audacieuse, mais, bon, elle est encore jeune.

Hier soir j'ai pris mon premier cours de chinois parlé, il a fallu que le prof estime mon niveau. J'ai appris, à ma grande stupéfaction, que j'avais pas mal de vocabulaire et que ce qui me manque c'est surtout la pratique. Il y a un groupe "avancé" qui est réuni pour la pratique de la conversation, elle m'a conseillé de venir avec eux, au grand dam de la secrétaire car le cours est gratuit. Pour l'écrit rien pour moi, je suis donc obligée de travailler seule avec les cours de 2ème année de l'INALCO qui sont sur mon ordinateur.
En fait l'INALCO ça donne bien les bases, après, à toi de travailler.
Donc, comme je disais, je commence à être surbookée : le boulot, les achats nécessaires, la découverte-exploration des quartiers de la ville et bientôt la reprise du chinois, tout ça c'est prenant.
Surtout que, et je ne le répèterai jamais assez, le moindre parcours ce sont des kilomètres et des kilomètres. D'ailleurs je sens que, peu à peu, ma notion des distances est en train de changer. Aujourd'hui je comprends mieux cette française vivant à Pékin, que j'ai rencontrée à Paris et qui m'a dit : "Paris, à côté de Pékin, c'est un village". Par exemple, j'habite pas loin de chez Janik, eh bien c'est une distance qui équivaut à peu près à Porte de Bagnolet-Bastille. C'est la porte à côté.
Pour les équipées taxi, j'en ai franchement marre, d'autant plus que les embouteillages recommencent. J'ai de plus en plus recours au métro et au bus. Mais là, surtout dans le métro, c'est du chacun pour soi et les places sont chères. Rares sont les heures où le métro n'est pas plein et il n'est pas aussi élaboré que le parisien, c'est tout juste un embryon de réseau. Les bus, par contre, c'est un réseau dense et qui couvre bien la ville. Il faut bien connaître son arrêt et les caractères, là, pas de pinyin (traduction des caractères en alphabet latin, avec indication des tons, pratique pour les occidentaux).

Bon, c'est pas tout, déjà dix heures ici (4h du mat chez vous), il faut que je bosse un peu, bientôt les Travaux Personnels Encadrés des élèves et j'ai des cours à préparer !

lundi 29 septembre 2008

Trop Galère




Décidément, pour moi c'était trop galère de rester sur over-blog pour vous envoyer ces moments pékinois.
Ici c'est mieux : je peux recevoir vos commentaires et y répondre !
A propos de galère...
Samedi dernier à la banque.
Au départ chose simple, j'avais même repéré une agence pas loin de chez moi (pas loin, à la parisienne, 500-600m).
J'y vais et je n'ai même pas à attendre longtemps puisque j'étais la 4ème dans la file.
L'opération simple : comme on m'avait versé une avance sur salaire sur le compte -que j'avais ouvert avec 10 yuans, traduire 1€ environ, dans une autre agence dont j'ignorais l'adresse-, je désirais avoir une carte de retrait pour caisses automatiques et retirer quelques sous dans l'immédiat.
Pour le retrait l'opération n'a pas posé de problèmes, c'est pour l'établissement de la carte que ça s'est corsé.

Dans l'agence où j'avais ouvert mon compte, l'agence dont j'ignorais l'adresse, l'employée zélée, ne comprenant pas le système nom-prénom-2ème prénom de ces barbares que sont les Européens, a aggloméré les trois. Ainsi, au lieu de m'appeler Gradoni nom, Martine prénom, Maryse 2ème prénom, j'ai été rebaptisée GRADONIMARTINEMARYSE dans un pur souci de bien faire.
Mais voilà, l'employée de l'agence proche de chez moi ne l'entendait pas ainsi et n'y comprenait plus rien : m'appelais-je Gradoni avec appendice Martine, voire Martine et Maryse ? M'appelais-je GradoniMartineMaryse ?
Dans le doute, ici, on suspend toute action. Les papiers officiels sont une chose sérieuse et toute erreur doit entraîner des conséquences bien néfastes puisqu'on les craint à ce point.
Mais là, je n'étais vraiment pas contente et je tenais à l'avoir cette carte car je ne veux pas passer des heures dans les files d'attente des banques pour retirer quelques sous. Donc, j'insiste, je m'énerve même en disant que je ne veux pas payer les erreurs d'autrui, en chinois à ma manière, en anglais et en français. Je montre ma carte d'identité française, ma carte du lycée français (mon passeport étant dans les services qui vont me procurer la carte de résidente-travailleuse, encore une galère en perspective ?) pour bien établir que, chez nous, on a un nom, un prénom voire deux prénoms et que tout ça c'est l'identité, pour nous.

J'essayais en vain de faire comprendre à l'employée que la précédente avait fait erreur, en chinois, et étant donné que je prononce mal, "elle s'est trompée" pouvait donner "elle a fait" ou "elle s'est assise" (ta cuole, ou zuole). En anglais c'était mieux (et l'employée qu'on m'a attribuée était celle qui parlait anglais, comme d'hab, et qui le parlait très moyennement, comme d'hab). Malgré tout, rien à faire, elle n'en démordait pas : interdiction de carte !
Après que j'aie commencé à montrer que je ne décarrerais pas avant d'avoir eu ma carte, que l'employée et moi nous regardions en chien de faïence campées sur nos positions respectives, une jeune cliente s'est gentiment proposée pour la traduction. Son anglais nettement meilleur que celui de l'employée (par ailleurs sympatique et charmante) a permis une compréhension plus fluide.
Nous avons fini par nous mettre d'accord : je clôturais le compte GRADONIMARTINEMARYSE et j'en ouvrais un au nom de GRADONI tout court, plus de prénom, aux oubliettes le prénom. Evidemment la somme passait de l'un à l'autre compte. Autant dire que j'ai vivement remercié la jeune chinoise qui avait réussi à établir un pont de compréhension dans ce fleuve de malentendus.

Au passage, détail, j'avais dit à l'employée que j'avais reçu une petite partie de mon salaire. Or il se trouve que j'avais touché mon salaire en entier et que pour eux ça fait une sacré somme. Elle a tiqué se demandant combien je devais toucher et à qui elle avait affaire ! Et ça, ça en rajoute de la crainte de mal faire. Puis il y a cette méfiance vis à vis de l'étranger (qui peut frauder), cette peur de fauter et de se faire sanctionner, le ressentiment contre ceux qui touchent des salaires exorbitants, l'incompréhension qui agace, un drôle de mélange.
L'opération dans tous ses aléas a pris une heure, au terme de laquelle l'employée et moi avions -enfin- retrouvé nos sourires respectifs, marque d'un soulagement bien mérité.

Là dessus, comme je n'étais pas loin d'un magasin de thé que j'avais repéré, je suis allée m'acheter un bon thé. Hélas, c'était fermé.
Hier soir j'ai eu l'occasion de repasser devant (je l'ai même fait un peu exprès), et il était enfin ouvert.
Le vendeur m'a reçu agréablement, il me glisse au passage qu'il m'a vu le jour où je me suis heurtée à la porte close. J'ai mis un temps pour comprendre mais la lumière s'est faite environ une minute après qu'il ait prononcé la phrase. Alors il était dans le magasin, il m'a vu essayer d'ouvrir la porte et il n'a pas ouvert ! Je l'ai regardé d'un air incrédule, il a souri et m'a invitée à goûter quelques thés. Je ne me suis pas faite prier.
Deux thés rouge et un thé vert au terme de quoi, moi qui aime bien les thés verts, j'ai acheté du rouge. La conversation que nous avons eu me devient banale :
il me demande d'où je viens, ce que je fais dans la vie, depuis combien de temps je suis à Pékin...
De mon côté c'est pareil : Pékin très grand, beaucoup de marche très fatigant. Serait-il pékinois ? Oui ? C'est bien !
Je préfère le thé vert (là, coincée par le manque de vocabulaire, je ne peux pas exprimer que, contrairement à mes habitudes, je préfère son thé rouge à son thé vert). Ce qui fait que je préfère le vert mais je repars avec le rouge.
Très sympatique ce marchand de thé, je me suis promis d'y retourner quand je parlerai mieux, qu'on fasse un peu de causette, de la vraie, pas mon jargon actuel.

La tortue au dessus, je l'ai croisée quand sa maîtresse la promenait dans la rue de notre lycée. Ici les animaux que j'ai vu dans les rues sont tous de petits animaux : les chiens sont de petits modèles, la tortue c'est plus rare, les oiseaux dans les cages, les chats en liberté (mais je n'ai pas encore pénétré un intérieur chinois, peut-être certains ont-ils des chats).
J'ai appris avec stupéfaction que les étudiants Chinois qui sont au 2ème et 4ème étage du bâtiment qui héberge le nouveau lycée (où je suis la plupart du temps et qui est un institut chinois pour les étudiants qui travaillent), eh bien ces étudiants ont la consigne non écrite d'éviter les contacts avec les lycéens étrangers, c'est à dire les élèves du lycée. Par voie de conséquence, pour éviter les cacophonies, nous n'avons pas de sonneries et les horaires sont très bizarres : certains cours commencent pile à l'heure, d'autres à la demie...

Enfin, la photo d'en dessous c'est ma collègue documentaliste Sandrine le jour où elle m'a emmenée au marché aux puces de Panjiayuan. Elle se trouve dans une allée consacrée aux statues de Bouddah, des Bouddahs par centaines.



Vous la voyez de dos, certes, et sachez qu'elle est charmante, plus tard, peut-être, avec son autorisation, je la montrerai de face !

L'agence


Ce que vous voyez au dessus c'est l'espace d'où je vous écris, mon bureau-véranda qui donne à l'Ouest sur une rue animée Dong zhi nei bei xiao jie (Rue interieure droit vers l'Est la petite rue Nord ou à peu près), j'habite au 16.
Ce que vous voyez traîner sur la table ce sont mes premières corrections de séquences avec les 5èmes. Et la table sur laquelle elles sont posées c'est, ah là là c'est toute une histoire ! C'est encore l'agence !!!!
On va commencer par le commencement.

Au lycée français les gens se refilent des adresses pour les installations et autres, parmi ces adresses celle d'un jeune français de 27 ans, Jean-Baptiste, qui aide les pauvres profs paumés dans Pékin que nous sommes à trouver un appart. Bien sûr, Jean-Baptiste ne fait pas ça à l'oeil, il a une commission sur le prix que soutire l'agence. Et, évidemment, il a son réseau d'agences. Et Jean-Baptiste qui est à Pékin depuis 4 ou 5 ans, parle le chinois.

Avec moi ça avait commencé de travers, je lui avais donné rendez-vous sur le site du nouveau lycée et, comme je n'avais pas précisé, il était allé à l'ancien site qui est maintenant celui des primaires et du collège seulement. Mais un coup de mobile a tout arrangé.
En taxi (car ici ils ne sont pas chers pour nous : 1, 2, 3 euros dans le pire des cas), on se rend vers une de ses agences, seulement voilà : il se trompe et entre dans une agence qui lui est parfaitement inconnue, ce qu'il réalise assez vite mais trop tard, on avait déjà visité deux appart.
Parmi ces deux appart, le premier je ne m'en souviens guère mais le deuxième ça oui. Imaginez, dans le centre de Pékin (à l'intérieur du 2ème périphérique, le premier devant être la Cité Interdite) un espace calme et comme un jardin intérieur : un hutong, et dans ce hutong, comme un écrin, un ensemble de bâtiments entouré d'une sorte de jardin avec légumes et fleurs et arbres, le tout populaire et pas franchement expat-occidental. Hélas, l'appartement était tout aménagé par la propriétaire, une jeune femme qui avait dû s'imaginer le mode de vie de ses locataires : une pièce avec un lit qui prenait presque toute la place avec, pour rajouter au sentiment d'étouffement, un canapé en face et une commode. Trônant sur la commode, un poste TV. Coin cuisine OK, petits chaussons pour entrer. Une autre pièce, un autre lit. J'ai commencé par demander qu'elle ôte de la pièce principale le lit, le canapé et la TV. Ca l'a choquée, elle a tergiversé puis accepté pour le canapé, mais le canapé seulement. Puis, au cours de longues négociations, elle a voulu que je paie un an d'avance, impossible.
On allait rentrer bredouilles quand le type de l'agence (appelons le agence-boy1) qui nous faisait visiter nous a proposé une autre visite.
Là quand j'ai vu l'appartement j'ai eu un coup de coeur malgré les divers disfonctionnements et l'état d'abandon dans lequel il était.
S'en sont suivies des heures de négociations au terme desquelles Jean-Baptiste craignait de ne pas toucher sa commission, durant lesquelles je tentais de capter tout ce que je pouvais des échanges entre lui et l'agence-boy1 qui ne parlait pas anglais, moments âpres de discussion pied à pied que JB me commentait au fur et à mesure, à sa manière mais assez honnêtement. Toutefois, entre agence boy1 et lui ça faisait un peu combat de coqs.
Le lendemain on est allé signer le contrat.
Tandis qu'agence boy1 ahanait au remplissage, JB s'effarait de voir qu'il était rédigé entièrement..... en chinois !!!
Evidemment il n'avait pas l'habitude et n'entravait que couic au langage écrit, d'habitude il traite en anglais. Cependant une série de tampons officiels l'ont tout de même rassuré, moi aussi. Et j'ai signé !
Des heures ça prenait le remplissage, Agenceboy 1 s'appliquait à bien remplir, consciencieusement, JB s'énervait et m'affirmait qu'il était totalement incompétent. Je lui ai demandé si j'étais la première occidentale à qui il louait un appartement (ça, m'arrive de me faire comprendre), il m'a répondu que oui, sous le regard goguenard de JB. Plus tard on a compris que j'étais sa première tout court. Ca commençait dur pour lui. Et il avait l'air de peiner. Dès qu'il s'agissait de me poser des questions directement, quand je ne comprenais pas il demandait à un autre (agence boy 2) de me poser les questions en anglais et de traduire les réponses. Or, l'anglais d'agence boy 2 était extrèmement rudimentaire, un peu comme mon chinois, il mettait bien dix minutes à traduire des réponses ou des questions qui me semblaient simples. Le tout étant extrèmement long, pénible et fatiguant pour eux comme pour moi.
Quelques jours plus tard, quand j'ai voulu signaler mon lieu d'habitation aux autorités (obligatoire) il leur fallait m'accompagner, ça ne se battait pas au portillon. Les six ou sept agence boys and girls se refilaient le bébé tandis que, sans JB que je n'avais pas voulu déranger pour si peu, je suivais l'affaire comme un match de ping-pong.
La balle est tombée sur agence boy2 (anglais oblige et au cas où) et agence girl pas joyeuse : si j'ai bien entendu elle a bien exprimé qu'elle n'était pas contente d'y aller, le pensum, alors qu'agence boy 1 devait se sentir soulagé.
Finalement on y est arrivé et j'ai tenu à remercier agence girl que j'ai du attendre un moment car elle faisait la causette avec la jeune flic du poste de police. Il me semble qu'elle a apprécié.

C'était bien tout ça : j'avais un toit sur la tête, j'étais OK administrativement mais pas internet chez moi.
C'est avec horreur que j'ai appris qu'il fallait passer par l'agence pour se faire connecter. Pas qu'ils ne soient pas sympatiques mais pour eux comme pour moi c'est exténuant. Leur côté tatillon alors qu'on nage dans le flou linguistique, c'est un peu exaspérant aussi, mais il faut les comprendre : ils veulent bien faire.
Puis, finalement, on s'est compris, et deux jours après agence boy1 était devant chez moi avec l'homme des télécom chinois, le jour même c'était installé, j'avais Internet at home.

Enhardie par cette première communication réussie, et comme j'avais besoin d'une table, un modèle simple, j'ai demandé à agence boy1 où je pourrais trouver ça. Coup de fil à agence boy 2 pour s'assurer qu'il avait bien compris et longue réflexion du susdit 2 pour bien assimiler l'anglais "simple table". Longue tractation au mobile passant de main en main avec des efforts dérisoires de ma part pour m'exprimer en chinois (gros problème : les tons).
On me donne une adresse que je ne sais même pas si c'est dans le magasin qu'il m'ont plus ou moins indiqué que je suis allée, toujours est-il que j'ai enfin cette "simple table" et que j'en suis très contente. Au passage, j'ai réussi à me faire livrer la table, quand même. Et là, personne ne parlait anglais.
A propos d'anglais, quand je pose des questions dans la rue, souvent des jeunes filles s'arrêtent pour écouter et tester leur anglais. On les voit qui ont le désir de vous adresser la parole, quelquefois pour montrer à leur mère qui les accompagne quand c'est le cas, toujours pour s'exercer un peu. Et ça leur plait, visiblement.
Moi, évidemment, je ne suis pas ravie d'avoir recours à l'anglais, mais ça semble leur faire tellement plaisir...

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est pas parce qu'on est en Chine qu'on peut faire du chinois. Je m'explique : l'oral sauvage peut-être, mais l'écrit rien du tout, c'est travail perso obligatoire.
Alors j'ai pris hier mon courage à deux mains et je suis allée m'inscrire à un cours de chinois. Pendant les vacances de Noël, peut-être, j'irais dans une fac pour suivre un cours intensif.

En dessous une image prise à Gaobeidian, un quartier Sud de Pékin : l'homme perché sur la charette tirée par le cheval vend des pastèques et des melons, au loin le Pékin des buildings.




C'est ce contraste omniprésent hyper-moderne et traditionnel (ce qu'il en reste) qui frappe beaucoup d'occidentaux ici.

Premiers pas





Ils sont difficiles mais ils sont nombreux !
Eh oui ! comme je l'ai déjà dit à certains dans un premier mail, Pékin FEICHANG DA, très très grand, immense. Six périphériques, à côté Paris c'est un gros bourg.

Ici quand on se perd c'est aux kilomètres et moi, je me perds souvent. Remarquez, ça me permet de m'adresser aux pékinois pour leur demander la bonne direction, mais là, je dois dire, j'ai eu des surprises et quelques déconvenues : je parle chinois comme une vache espagnole et, en plus, je me vexe quand ils se mettent à me parler en anglais.
Il me manque toujours un mot, je construis mal mes phrases, et je vous dis pas les tons.

Un des premiers jours je voulais aller je ne sais plus où et j'avais décidé de dire que j'allais vers la Cité Interdite, histoire d'annoncer la direction sur un lieu très connu et avec lequel je pourrais avoir des informations sur la direction à prendre auprès de ceux à qui je demanderais mon chemin. Et me voilà entrain de demander à plusieurs reprises à des chinois un peu étonnés, Gu gong zai nar ? (la cité interdite c'est où ?) et je précise que j'y vais à pied, regard de commisération (c'est très loin), propositions de prendre le taxi, voire un bus (ils ont pitié). Au bout d'un certain temps,exaspérée mais ne connaissant pas le mot chinois pour direction, je fais un geste vague en joignant les deux mains comme un début de brasse pour indiquer que c'est la direction, c'est tout. Le chinois auquel je demandais le chemin semble rassuré mais perplexe et, en un éclair, réalise : you yong (nager) et le voilà un peu embêté car il n'a pas l'air de connaître une piscine aux environs. Découragée je lui fais signe de laisser tomber, ce qu'il fait avec soulagement.

Pour les trajets il faut dire que je fais fort parfois : j'ai tenté d'aller au nouveau site du lycée (donc connu par absolument personne sauf le personnel du susdit lycée) sans emporter l'adresse. Eh bien j'y suis arrivée !
Là j'ai mis à contribution un bon nombre de bonnes volontés, y compris un petit jeune qui m'a prêté son portable pour que je joigne le site de l'ancien lycée afin de demander l'adresse à la secrétaire.
Résultat : partie (très en avance) à 10h arrivée à 13h et quelques. Le tout le plus souvent à pied. Ne faîtes plus de la randonnée, venez à Pékin, on y marche, on y marche.
Mais ce coup du lycée c'est à cause des mecs de l'agence....
L'agence, ce sera l'objet du prochain épisode.
Quant à la photo au dessus c'est une charmante jeune chinoise qui se fait photographier devant le portrait de Mao placée sur le fronton de la Cité Interdite. Au dessous c'est pris dans la rue en face de ma chambre, la rue qui borde un hutong.
Et puis, tout en bas c'est wo jia, mon home, mon chez moi, celui que les mecs de l'agence m'ont proposé (le 3ème visité) et sur lequel j'ai flashé (c'est le mot juste car il était auparavant occupé par un photographe Italien, et ça aussi c'est toute une histoire, mais ce sera pour plus tard). c'est pris dans la rue en face de ma chambre, la rue qui borde un hutong.
A suivre....




dimanche 28 septembre 2008

Vive la communication



Ne vous y trompez pas : ceci est, certes, mon nouveau blog... mais tout va continuer comme auparavant.

Sauf que :

  • vous pourrez commenter mes articles !

  • je pourrais lire et commenter vos commentaires !

Enfin, j'espère...