mardi 7 octobre 2008

Surbookée




Y en a un qui se plaint que je ne continue pas la liste de mes mésaventures mais je suis SURBOOKEE.
Entre le boulot, l'automne qui fait son apparition -alors que mon chauffage central ne se mettra en marche que le 15 novembre, que j'ai ainsi tout le temps de me transformer en glaçon, qu'il faut donc que je trouve vite fait un chauffage d'appoint ; que je dois impérativement trouver des vêtements chauds, et dieu sait combien je suis difficile-, les diverses péripéties de la vie quotidienne, l'aménagement de mon appart (si vous saviez comme ça bouffe du temps les visites chez IKEA, car on veut aller au plus pressé et au plus pressé ici, pour meubler minimum vital, ça se traduit "IKEA" parce que si on doit traîner des jours entiers à Gaobeidian (un petit quartier de meubles anciens ou simili) ou à Panjiayuan (le marché aux puces) on sera déjà en mars 2009 que j'aurai toujours pas trouvé les "bons" meubles.

Heureusement il y a les profs sympas du Lycée, les bonnes âmes qui ont pitié des nouveaux arrivants ou qui se souviennent, attendris, de leurs premiers pas à eux dans ce monde impitoyable. Ceux-là nous prennent par la main et nous font faire de petites visites fort utiles.
Ainsi Wei Hong, une chinoise prof de chinois, qui m'a accompagnée à Carrefour pour que je puisse enfin trouver des draps à la mesure de mon lit et non plus des housses de couette aux imprimés frais et printanniers.
Carrefour ! J'étais heureuse d'aller à Carrefour , j'aurais jamais cru ça de moi !
Ainsi Odile, prof d'allemand, qui m'a présenté un vendeur de plantes qui se trouve dans une cour de bâtiment, un monsieur charmant qui vend pas cher et beau. Et c'est aussi Odile,avec qui nous partageons l'amour des marchés, qui m'a accompagnée dans un marché aux fruits et légumes avec une halle aux poissons et une halle aux viandes, à Deshengmen. Après on a embrayé sur un hutong proche d'où proviennent les photos qu'Odile a pris et m'a envoyées d'un intérieur remarquable :



Magnifiques les fruits et légumes dans ce marché de Deshengmen. Dailleurs on trouve ici des légumes qui ont un tel goût de ce qu'ils sont (des tomates qui ont le goût de tomates, des carottes qui ont le goût de carottes and so on...) que je me fais de plus en plus de salades. Pas de moutarde pour la sauce ? Qu'à cela ne tienne, on y met du soja et c'est très bon!
J'ai aussi redécouvert le plaisir du jus de fruits : mangue, durian, pastèque, melon, kiwi, tout peut se décliner en jus de fruits ici. Il y a, dans certains marchés ou supermarchés, des stands de jus de fruits où on peut en déguster pour quatre sous. Un régal. Et comme je voulais m'en faire à la maison, j'ai fait l'achat d'un mixer. Là j'ai encore maudit la banque, ses employés et ma propension aux malentendus.
Je voulais utiliser ma nouvelle carte pour payer et j'apprends que je n'ai pas un sou vaillant sur cette carte. Je finis par comprendre que j'ai établi une carte, certes, mais qu'après il faut transférer de l'argent depuis le compte pour l'alimenter. Pour l'employée de la banque c'était une évidence, pas pour moi.
Bon, là, pour l'achat du mixer, ça s'est réglé grâce à ma visa française mais j'ai très vite alimenté la carte. Pour une fois ça n'a pas posé de problèmes.



(Au dessus, suite de la photo précédente)

Où en étais-je ?
Ah, mes collègues !
Il y a aussi Sandrine, une des deux autres docs avec qui je travaille (l'autre, Marie-Dominique, part en randonnée dès qu'elle a un moment de libre, elle randonne un max et doit connaître plein d'endroits superbes à la campagne). Sandrine aussi a pitié de moi. Avec son mari Frank ils m'ont accompagnée encore une fois à Panjiayuan samedi dernier.
J'aime bien ce très grand marché aux puces qui se divise en allées spécialisées : perles, bouddahs, vêtements et accessoires de minorités (je ne sais hélas pas lesquelles), vases, quelques meubles, une galerie consacrée à la calligraphie... Certes c'est très touristique mais c'est comme à Clignancourt ou Montreuil, on y trouve toujours quelque chose.
Le seul hic dans tout ça c'est que j'amorce comme un repli dans la communauté française, c'est le piège. Mais bon nombre d'expat, même ceux qui sont là depuis longtemps et qui parlent bien chinois, à qui j'ai demandé s'ils avaient des amis chinois, m'ont répondu que c'était extrèmement difficile de nouer des contacts approfondis avec les pékinois ou les chinois en général.

Parmi les profs et personnels du lycée il y a ceux qui affichent une sinophobie inébranlable, un dédain prononcé pour tout ce qui est chinois, de l'alimentation aux loisirs... à tel point qu'on se demande pourquoi ils ne prennent pas aussi sec leurs jambes à leur cou pour fuir un pays si abject !
Il y a ceux qui sont là de longue date et qui n'envisagent pas de partir ou qui le feraient avec regret.
Il y a ceux qui sont dans la découverte, et là chacun est livré à soi-même, à ses envies, à ses goûts.
Ainsi Eric, prof de maths, venu direct de la Réunion dont il est originaire, voulait absolument connaître le quartier russe, c'était son dada. Moi c'est les quartiers et les marchés, les lieux d'art et de cinéma.
Ainsi Janick, nouvelle prof d'anglais, elle c'est au feeling. D'ailleurs elle a vite compris que dans son état d'esprit il fallait se munir d'un vélo et la voilà armée pour mieux connaître la ville.



Moi, pour l'instant, le vélo je ne m'y hasarde pas parce que la circulation ici c'est très spécial. Le petit bonhomme vert et le petit bonhomme rouge auxquels on a appris à se fier pour traverser les rues depuis notre plus tendre enfance, ici niet.
La traversée, que le bonhomme soit vert ou rouge, se fait en trois temps : on s'aventure quand les vélos et voitures qui tournent nous laissent un répit, ensuite ce sont ceux qui vont tout droit et qui, eux, obéissent aux injonctions du sémaphore, là c'est cool, puis il y a qui tournent en troisième partie du parcours. Ainsi on est souvent bloqué en plein milieu de la rue mais ça va, les voitures qui passent nous contournent. S'arrêter et nous laisser passer, c'est pas dans les habitudes, bien que ça puisse se faire, exceptionnellement.
Donc, dans ces conditions, on comprend pourquoi je trouve l'attitude de Janik extrèmement audacieuse, mais, bon, elle est encore jeune.

Hier soir j'ai pris mon premier cours de chinois parlé, il a fallu que le prof estime mon niveau. J'ai appris, à ma grande stupéfaction, que j'avais pas mal de vocabulaire et que ce qui me manque c'est surtout la pratique. Il y a un groupe "avancé" qui est réuni pour la pratique de la conversation, elle m'a conseillé de venir avec eux, au grand dam de la secrétaire car le cours est gratuit. Pour l'écrit rien pour moi, je suis donc obligée de travailler seule avec les cours de 2ème année de l'INALCO qui sont sur mon ordinateur.
En fait l'INALCO ça donne bien les bases, après, à toi de travailler.
Donc, comme je disais, je commence à être surbookée : le boulot, les achats nécessaires, la découverte-exploration des quartiers de la ville et bientôt la reprise du chinois, tout ça c'est prenant.
Surtout que, et je ne le répèterai jamais assez, le moindre parcours ce sont des kilomètres et des kilomètres. D'ailleurs je sens que, peu à peu, ma notion des distances est en train de changer. Aujourd'hui je comprends mieux cette française vivant à Pékin, que j'ai rencontrée à Paris et qui m'a dit : "Paris, à côté de Pékin, c'est un village". Par exemple, j'habite pas loin de chez Janik, eh bien c'est une distance qui équivaut à peu près à Porte de Bagnolet-Bastille. C'est la porte à côté.
Pour les équipées taxi, j'en ai franchement marre, d'autant plus que les embouteillages recommencent. J'ai de plus en plus recours au métro et au bus. Mais là, surtout dans le métro, c'est du chacun pour soi et les places sont chères. Rares sont les heures où le métro n'est pas plein et il n'est pas aussi élaboré que le parisien, c'est tout juste un embryon de réseau. Les bus, par contre, c'est un réseau dense et qui couvre bien la ville. Il faut bien connaître son arrêt et les caractères, là, pas de pinyin (traduction des caractères en alphabet latin, avec indication des tons, pratique pour les occidentaux).

Bon, c'est pas tout, déjà dix heures ici (4h du mat chez vous), il faut que je bosse un peu, bientôt les Travaux Personnels Encadrés des élèves et j'ai des cours à préparer !

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