samedi 25 octobre 2008

Dashanzi



(Emballage d'une oeuvre d'art)

Dashanzi, c'est le nom d'un quartier où un bon nombre d'artistes s'étaient installés dans les années fin 80-90. A l'époque c'était "l'avant-garde", aujourd'hui c'est devenu un quartier de galeries très visité par les touristes étrangers ou chinois. C'est un marché de l'art, une foire-expo permanente bien délimitée où l'on passe d'une galerie à une autre, d'une rue à une autre et, finalement, malgré la diversité des productions artistiques, le fait d'être réunies là leur enlève du souffle.


(nouvelle galerie en perspective)

Quand, au hasard d'une ballade, on tombe sur une galerie que l'on visite, avec son choix d'artistes, son unité ou sa diversité, sur une sculpture, on peut apprécier l'objet, les oeuvres. Là, dans ce quartier musée (nommé aussi 798), certaines oeuvres perdent complètement le sens qu'elles devaient avoir quand elles ont été créées. J'ai pensé au film "Les statues meurent aussi" de Marker et Resnais pendant que je parcourais les rues.


(photographe à l'oeuvre)

Il paraît qu'il y a d'autres lieux plus intéressants où des artistes se sont regroupés, notamment un village au Nord-est de Pékin dont personne n'a su me donner le nom, mais je trouverai.

A part ça mes problèmes avec la banque ICBC prennent une allure kafkaïenne. Toujours ce système où, au lieu de m'ouvrir un compte en banque ils m'ont ouvert un carnet d'épargne (!!!), ce qui fait que je dois transférer l'argent du compte épargne à la carte bancaire pour pouvoir faire des achats par carte dans des magasins. Je ne développerai pas sinon je vais m'énerver. Toujours est-il que, comme ils s'acharnent à me parler en anglais, je trouve un peu curieux que des employés de banque ne connaissent pas les termes de "banking account" pour "compte bancaire" et "amount of money" pour le "montant" et quand je leur dis "the summ of money" ils ne pigent pas plus -alors là je dis "yi kong, wo de qian yi kong", ça va un peu mieux. Vous avez alors un aperçu des difficultés que je peux rencontrer et, en fait, je ne sais pas exactement combien j'ai sur mon compte, et si je veux le savoir il me faut mon carnet (d'épargne !), mon "passeport chinois" que moi j'appelle "carte de résident" etc... En ce moment je fais un total blocage, j'attends que ça me passe pour y retourner. Entre temps je chercherai à me doter du vocabulaire en chinois.

Au dessus et en dessous des photos prises à Dashanzi où, hélas, vous n'aurez pas la notion de l'étendue du lieu.


(serveurs de café "artistique")

mardi 21 octobre 2008

Le lancier de dongzhimen nei beixiaojie

Le film n'est pas extraordinaire mais on le voit quand même à l'oeuvre. Tous les matins entre 7h30 et 8h30 environ.



Si, comme moi, vous ne pouvez voir la vidéo à cause de plug-in manquants, vous avez toujours les photos !
En compensation je vous envoie ces photos du même.


dimanche 19 octobre 2008

C'est dimanche


Mais que ce soit dimanche ou pas, rien à voir avec la choucroute. D'ailleurs en parlant de choucroute, ils ne connaissent pas ici. Ils ont la bière, la Qingdao, en souvenir de la présence allemande sur leur sol, ils ont beaucoup de choux de diverses sortes -avec x et sans x-, ils ont des saucisses (j'ai même vu des sortes de saucisses de strasbourg, l'horreur ! mais je n'ai rien contre Strasbourg, c'est pas ça le problème), en bref ils ont tous les éléments mais cela ne correspond pas du tout, la choucroute, à leur génie culinaire.
Ils ont beaucoup de chou(x) mais pas toujours les sous pour se payer les chou(x), quoique le chou(x), à vrai dire , c'est pas ce qu'il y a de plus cher ici. Mais ils n'en mettent pas parchou(x), je veux dire partout.
Et à ce propos, j'ai mangé d'excellents, succulents jiaozi (traduire raviolis pékinois) aujourd'hui !
C'est derrière le marché de fruits, légumes, halles aux viandes et poissons de Deshengmen où j'étais déjà allée une fois avec Odile, la prof d'allemand qui aime les marchés. C'est pas en évidence, c'est caché, c'est pas vraiment un restau, c'est des "stands" de marchands qui font la cuisine. Il y a de longues tables où on s'installe dès qu'on a son plat et on déguste. C'est vraiment pas cher et très bon donc on est en compagnie de gens qui, soit connaissent le lieu et apprécient, soit n'ont pas tellement d'argent et qui apprécient aussi. Ce n'est absolument pas le 4 étoiles, pas de chefs de rang, pas de serveurs, de soubrettes, mais pour les papilles c'est la joie. Avec mon look d'occidentale je me sentais incongrue, ils avaient l'air étonné de me voir là, amusés aussi. Toutefois, dans les jiaozi, il n'y avait pas de chou(x).
Pour aller dans ce marché on peut passer par une série de lacs : Xihai et Houhai après on a Qianhai, mais là on s'éloigne). La ballade est très agréable surtout qu'on a un mois d'octobre exceptionnellement doux (et chou). Sur les bords du lac un bon nombre de pêcheurs, on ne sait pas très bien ce qu'ils pêchent.

Au fait, et même si ça n'a aucun rapport avec ce qui précède, quelques-un(e)s d'entre-vous ont dû croire que la femme qui réparait le vélo dans la photo de mon précédent message c'était Janik, pas du tout : c'est une réparatrice de bécanes dans ma rue. Janik la voilà devant le collège avec son vélo :



Je lui ai offert, à Janik, de partager mon blog, ce sera un blog à deux voi(es)x.
Et dans le genre erreurs et malentendus elle est pas mal non plus. J'espère qu'elle ne tardera pas à s'y mettre.

Ma rue, je commence à la connaître et comme j'ai un parcours régulier pour aller travailler et revenir du lycée, je commence à repérer des personnages. Il y a un type un peu bizarre qui court dans les rues du hutong par où je passe. Il fait un peu idiot du village. Un autre s'entraîne tôt matin avec une sorte de hallebarde qu'il a affublé d'un tissu rouge. Il fait ses petits exercices d'arts martiaux avec, je ne sais pas du tout ce que ça vaut mais c'est assez répétitif et il semble un peu pataud. Il me fait penser au voisin de la tante qui accueille le héros dans Zatoichi de Takeshi KItano, en moins gros et beaucoup plus âgé.

En ce moment il y a des travaux dans ma rue, mais à vrai dire des travaux, ici, il y en a partout.
Les travailleurs migrants sont revenus.
On en voit avec les casques et d'autres sans casques qui ont l'air d'attendre dans des camionettes.
Ceux avec casques sont nombreux ils travaillent mais pas toujours comme des forcenés, vu le nombre pour la tache. Par contre pas de "confort" dans le travail, rien pour la protection des oreilles pour ceux qui sont au marteau piqueur.
Aujourd'hui j'ai même croisé des gens qui retapaient leur maison dans le hutong d'en face, en dur, avec des briques oranges, pas laides. On suppose qu'ils ont la permission, c'est impensable sans, au vu et au su de tout le hutong, avec son poste de police dans l'une des rues. Donc, certains habitants peuvent réaménager leur habitation. Aussi, entrevu dans un hutong, un cumulus fonctionnant au solaire.

Pour le cinéma il y a du nouveau, j'irai un de ces jours à une projection dans une sorte de café -dans un hutong encore- où ils invitent des jeunes réalisateurs qui montrent leurs films. On (Janik et moi) avait juste raté la précédente où un réalisateur chinois présentait son "bad boys" qui a remporté un prix au festival de Rotterdam. Mais mardi soir je ne louperai pas Wang Xiaoshuai (Beijing bicycle) qui sera à l'institut culturel italien pour présenter un film qu'il a réalisé en Toscane.
Enfin autre chose que du shopping.
Remarquez à propos de shopping, j'ai dégotté un créateur chinois dont les vêtements sont tout simplement magnifiques, de toute beauté : coupes, tissus, détails qui tuent, finesse d'exécution, une merveille. Evidemment il n'est pas donné, il connaît sa valeur, mais ses prix sont encore abordables si on veut se faire un grand plaisir délicat et fragile.
A propos de beauté, que pensez-vous de l'ombre de ces deux amoureux en début de message ? Une photo dont je ne suis pas peu fière. Leur ombre est portée sur le mur du temple de Yonghegong, pas loin de chez moi.
Pour finir, moi c'est pas le vélo qui me fait envie c'est ce que vous voyez en dessous.



Ne serait-ce pas génial ?

Avant de vous quitter, si vous avez envie de connaître l'état de l'eau à Pékin -ce qui me tracassait assez car je me demandais si c'était un délire collectif ou si c'était fondé cette méfiance de nombre de gens ici à propos de l'eau qui coule de nos robinets- j'ai trouvé un site canadien qui me semble sérieux et qui m'inciterait plutôt à éviter de boire cette eau, même bouillie.

http://eau.apinc.org/spip.php?article658

mardi 7 octobre 2008

Surbookée




Y en a un qui se plaint que je ne continue pas la liste de mes mésaventures mais je suis SURBOOKEE.
Entre le boulot, l'automne qui fait son apparition -alors que mon chauffage central ne se mettra en marche que le 15 novembre, que j'ai ainsi tout le temps de me transformer en glaçon, qu'il faut donc que je trouve vite fait un chauffage d'appoint ; que je dois impérativement trouver des vêtements chauds, et dieu sait combien je suis difficile-, les diverses péripéties de la vie quotidienne, l'aménagement de mon appart (si vous saviez comme ça bouffe du temps les visites chez IKEA, car on veut aller au plus pressé et au plus pressé ici, pour meubler minimum vital, ça se traduit "IKEA" parce que si on doit traîner des jours entiers à Gaobeidian (un petit quartier de meubles anciens ou simili) ou à Panjiayuan (le marché aux puces) on sera déjà en mars 2009 que j'aurai toujours pas trouvé les "bons" meubles.

Heureusement il y a les profs sympas du Lycée, les bonnes âmes qui ont pitié des nouveaux arrivants ou qui se souviennent, attendris, de leurs premiers pas à eux dans ce monde impitoyable. Ceux-là nous prennent par la main et nous font faire de petites visites fort utiles.
Ainsi Wei Hong, une chinoise prof de chinois, qui m'a accompagnée à Carrefour pour que je puisse enfin trouver des draps à la mesure de mon lit et non plus des housses de couette aux imprimés frais et printanniers.
Carrefour ! J'étais heureuse d'aller à Carrefour , j'aurais jamais cru ça de moi !
Ainsi Odile, prof d'allemand, qui m'a présenté un vendeur de plantes qui se trouve dans une cour de bâtiment, un monsieur charmant qui vend pas cher et beau. Et c'est aussi Odile,avec qui nous partageons l'amour des marchés, qui m'a accompagnée dans un marché aux fruits et légumes avec une halle aux poissons et une halle aux viandes, à Deshengmen. Après on a embrayé sur un hutong proche d'où proviennent les photos qu'Odile a pris et m'a envoyées d'un intérieur remarquable :



Magnifiques les fruits et légumes dans ce marché de Deshengmen. Dailleurs on trouve ici des légumes qui ont un tel goût de ce qu'ils sont (des tomates qui ont le goût de tomates, des carottes qui ont le goût de carottes and so on...) que je me fais de plus en plus de salades. Pas de moutarde pour la sauce ? Qu'à cela ne tienne, on y met du soja et c'est très bon!
J'ai aussi redécouvert le plaisir du jus de fruits : mangue, durian, pastèque, melon, kiwi, tout peut se décliner en jus de fruits ici. Il y a, dans certains marchés ou supermarchés, des stands de jus de fruits où on peut en déguster pour quatre sous. Un régal. Et comme je voulais m'en faire à la maison, j'ai fait l'achat d'un mixer. Là j'ai encore maudit la banque, ses employés et ma propension aux malentendus.
Je voulais utiliser ma nouvelle carte pour payer et j'apprends que je n'ai pas un sou vaillant sur cette carte. Je finis par comprendre que j'ai établi une carte, certes, mais qu'après il faut transférer de l'argent depuis le compte pour l'alimenter. Pour l'employée de la banque c'était une évidence, pas pour moi.
Bon, là, pour l'achat du mixer, ça s'est réglé grâce à ma visa française mais j'ai très vite alimenté la carte. Pour une fois ça n'a pas posé de problèmes.



(Au dessus, suite de la photo précédente)

Où en étais-je ?
Ah, mes collègues !
Il y a aussi Sandrine, une des deux autres docs avec qui je travaille (l'autre, Marie-Dominique, part en randonnée dès qu'elle a un moment de libre, elle randonne un max et doit connaître plein d'endroits superbes à la campagne). Sandrine aussi a pitié de moi. Avec son mari Frank ils m'ont accompagnée encore une fois à Panjiayuan samedi dernier.
J'aime bien ce très grand marché aux puces qui se divise en allées spécialisées : perles, bouddahs, vêtements et accessoires de minorités (je ne sais hélas pas lesquelles), vases, quelques meubles, une galerie consacrée à la calligraphie... Certes c'est très touristique mais c'est comme à Clignancourt ou Montreuil, on y trouve toujours quelque chose.
Le seul hic dans tout ça c'est que j'amorce comme un repli dans la communauté française, c'est le piège. Mais bon nombre d'expat, même ceux qui sont là depuis longtemps et qui parlent bien chinois, à qui j'ai demandé s'ils avaient des amis chinois, m'ont répondu que c'était extrèmement difficile de nouer des contacts approfondis avec les pékinois ou les chinois en général.

Parmi les profs et personnels du lycée il y a ceux qui affichent une sinophobie inébranlable, un dédain prononcé pour tout ce qui est chinois, de l'alimentation aux loisirs... à tel point qu'on se demande pourquoi ils ne prennent pas aussi sec leurs jambes à leur cou pour fuir un pays si abject !
Il y a ceux qui sont là de longue date et qui n'envisagent pas de partir ou qui le feraient avec regret.
Il y a ceux qui sont dans la découverte, et là chacun est livré à soi-même, à ses envies, à ses goûts.
Ainsi Eric, prof de maths, venu direct de la Réunion dont il est originaire, voulait absolument connaître le quartier russe, c'était son dada. Moi c'est les quartiers et les marchés, les lieux d'art et de cinéma.
Ainsi Janick, nouvelle prof d'anglais, elle c'est au feeling. D'ailleurs elle a vite compris que dans son état d'esprit il fallait se munir d'un vélo et la voilà armée pour mieux connaître la ville.



Moi, pour l'instant, le vélo je ne m'y hasarde pas parce que la circulation ici c'est très spécial. Le petit bonhomme vert et le petit bonhomme rouge auxquels on a appris à se fier pour traverser les rues depuis notre plus tendre enfance, ici niet.
La traversée, que le bonhomme soit vert ou rouge, se fait en trois temps : on s'aventure quand les vélos et voitures qui tournent nous laissent un répit, ensuite ce sont ceux qui vont tout droit et qui, eux, obéissent aux injonctions du sémaphore, là c'est cool, puis il y a qui tournent en troisième partie du parcours. Ainsi on est souvent bloqué en plein milieu de la rue mais ça va, les voitures qui passent nous contournent. S'arrêter et nous laisser passer, c'est pas dans les habitudes, bien que ça puisse se faire, exceptionnellement.
Donc, dans ces conditions, on comprend pourquoi je trouve l'attitude de Janik extrèmement audacieuse, mais, bon, elle est encore jeune.

Hier soir j'ai pris mon premier cours de chinois parlé, il a fallu que le prof estime mon niveau. J'ai appris, à ma grande stupéfaction, que j'avais pas mal de vocabulaire et que ce qui me manque c'est surtout la pratique. Il y a un groupe "avancé" qui est réuni pour la pratique de la conversation, elle m'a conseillé de venir avec eux, au grand dam de la secrétaire car le cours est gratuit. Pour l'écrit rien pour moi, je suis donc obligée de travailler seule avec les cours de 2ème année de l'INALCO qui sont sur mon ordinateur.
En fait l'INALCO ça donne bien les bases, après, à toi de travailler.
Donc, comme je disais, je commence à être surbookée : le boulot, les achats nécessaires, la découverte-exploration des quartiers de la ville et bientôt la reprise du chinois, tout ça c'est prenant.
Surtout que, et je ne le répèterai jamais assez, le moindre parcours ce sont des kilomètres et des kilomètres. D'ailleurs je sens que, peu à peu, ma notion des distances est en train de changer. Aujourd'hui je comprends mieux cette française vivant à Pékin, que j'ai rencontrée à Paris et qui m'a dit : "Paris, à côté de Pékin, c'est un village". Par exemple, j'habite pas loin de chez Janik, eh bien c'est une distance qui équivaut à peu près à Porte de Bagnolet-Bastille. C'est la porte à côté.
Pour les équipées taxi, j'en ai franchement marre, d'autant plus que les embouteillages recommencent. J'ai de plus en plus recours au métro et au bus. Mais là, surtout dans le métro, c'est du chacun pour soi et les places sont chères. Rares sont les heures où le métro n'est pas plein et il n'est pas aussi élaboré que le parisien, c'est tout juste un embryon de réseau. Les bus, par contre, c'est un réseau dense et qui couvre bien la ville. Il faut bien connaître son arrêt et les caractères, là, pas de pinyin (traduction des caractères en alphabet latin, avec indication des tons, pratique pour les occidentaux).

Bon, c'est pas tout, déjà dix heures ici (4h du mat chez vous), il faut que je bosse un peu, bientôt les Travaux Personnels Encadrés des élèves et j'ai des cours à préparer !