lundi 29 septembre 2008

L'agence


Ce que vous voyez au dessus c'est l'espace d'où je vous écris, mon bureau-véranda qui donne à l'Ouest sur une rue animée Dong zhi nei bei xiao jie (Rue interieure droit vers l'Est la petite rue Nord ou à peu près), j'habite au 16.
Ce que vous voyez traîner sur la table ce sont mes premières corrections de séquences avec les 5èmes. Et la table sur laquelle elles sont posées c'est, ah là là c'est toute une histoire ! C'est encore l'agence !!!!
On va commencer par le commencement.

Au lycée français les gens se refilent des adresses pour les installations et autres, parmi ces adresses celle d'un jeune français de 27 ans, Jean-Baptiste, qui aide les pauvres profs paumés dans Pékin que nous sommes à trouver un appart. Bien sûr, Jean-Baptiste ne fait pas ça à l'oeil, il a une commission sur le prix que soutire l'agence. Et, évidemment, il a son réseau d'agences. Et Jean-Baptiste qui est à Pékin depuis 4 ou 5 ans, parle le chinois.

Avec moi ça avait commencé de travers, je lui avais donné rendez-vous sur le site du nouveau lycée et, comme je n'avais pas précisé, il était allé à l'ancien site qui est maintenant celui des primaires et du collège seulement. Mais un coup de mobile a tout arrangé.
En taxi (car ici ils ne sont pas chers pour nous : 1, 2, 3 euros dans le pire des cas), on se rend vers une de ses agences, seulement voilà : il se trompe et entre dans une agence qui lui est parfaitement inconnue, ce qu'il réalise assez vite mais trop tard, on avait déjà visité deux appart.
Parmi ces deux appart, le premier je ne m'en souviens guère mais le deuxième ça oui. Imaginez, dans le centre de Pékin (à l'intérieur du 2ème périphérique, le premier devant être la Cité Interdite) un espace calme et comme un jardin intérieur : un hutong, et dans ce hutong, comme un écrin, un ensemble de bâtiments entouré d'une sorte de jardin avec légumes et fleurs et arbres, le tout populaire et pas franchement expat-occidental. Hélas, l'appartement était tout aménagé par la propriétaire, une jeune femme qui avait dû s'imaginer le mode de vie de ses locataires : une pièce avec un lit qui prenait presque toute la place avec, pour rajouter au sentiment d'étouffement, un canapé en face et une commode. Trônant sur la commode, un poste TV. Coin cuisine OK, petits chaussons pour entrer. Une autre pièce, un autre lit. J'ai commencé par demander qu'elle ôte de la pièce principale le lit, le canapé et la TV. Ca l'a choquée, elle a tergiversé puis accepté pour le canapé, mais le canapé seulement. Puis, au cours de longues négociations, elle a voulu que je paie un an d'avance, impossible.
On allait rentrer bredouilles quand le type de l'agence (appelons le agence-boy1) qui nous faisait visiter nous a proposé une autre visite.
Là quand j'ai vu l'appartement j'ai eu un coup de coeur malgré les divers disfonctionnements et l'état d'abandon dans lequel il était.
S'en sont suivies des heures de négociations au terme desquelles Jean-Baptiste craignait de ne pas toucher sa commission, durant lesquelles je tentais de capter tout ce que je pouvais des échanges entre lui et l'agence-boy1 qui ne parlait pas anglais, moments âpres de discussion pied à pied que JB me commentait au fur et à mesure, à sa manière mais assez honnêtement. Toutefois, entre agence boy1 et lui ça faisait un peu combat de coqs.
Le lendemain on est allé signer le contrat.
Tandis qu'agence boy1 ahanait au remplissage, JB s'effarait de voir qu'il était rédigé entièrement..... en chinois !!!
Evidemment il n'avait pas l'habitude et n'entravait que couic au langage écrit, d'habitude il traite en anglais. Cependant une série de tampons officiels l'ont tout de même rassuré, moi aussi. Et j'ai signé !
Des heures ça prenait le remplissage, Agenceboy 1 s'appliquait à bien remplir, consciencieusement, JB s'énervait et m'affirmait qu'il était totalement incompétent. Je lui ai demandé si j'étais la première occidentale à qui il louait un appartement (ça, m'arrive de me faire comprendre), il m'a répondu que oui, sous le regard goguenard de JB. Plus tard on a compris que j'étais sa première tout court. Ca commençait dur pour lui. Et il avait l'air de peiner. Dès qu'il s'agissait de me poser des questions directement, quand je ne comprenais pas il demandait à un autre (agence boy 2) de me poser les questions en anglais et de traduire les réponses. Or, l'anglais d'agence boy 2 était extrèmement rudimentaire, un peu comme mon chinois, il mettait bien dix minutes à traduire des réponses ou des questions qui me semblaient simples. Le tout étant extrèmement long, pénible et fatiguant pour eux comme pour moi.
Quelques jours plus tard, quand j'ai voulu signaler mon lieu d'habitation aux autorités (obligatoire) il leur fallait m'accompagner, ça ne se battait pas au portillon. Les six ou sept agence boys and girls se refilaient le bébé tandis que, sans JB que je n'avais pas voulu déranger pour si peu, je suivais l'affaire comme un match de ping-pong.
La balle est tombée sur agence boy2 (anglais oblige et au cas où) et agence girl pas joyeuse : si j'ai bien entendu elle a bien exprimé qu'elle n'était pas contente d'y aller, le pensum, alors qu'agence boy 1 devait se sentir soulagé.
Finalement on y est arrivé et j'ai tenu à remercier agence girl que j'ai du attendre un moment car elle faisait la causette avec la jeune flic du poste de police. Il me semble qu'elle a apprécié.

C'était bien tout ça : j'avais un toit sur la tête, j'étais OK administrativement mais pas internet chez moi.
C'est avec horreur que j'ai appris qu'il fallait passer par l'agence pour se faire connecter. Pas qu'ils ne soient pas sympatiques mais pour eux comme pour moi c'est exténuant. Leur côté tatillon alors qu'on nage dans le flou linguistique, c'est un peu exaspérant aussi, mais il faut les comprendre : ils veulent bien faire.
Puis, finalement, on s'est compris, et deux jours après agence boy1 était devant chez moi avec l'homme des télécom chinois, le jour même c'était installé, j'avais Internet at home.

Enhardie par cette première communication réussie, et comme j'avais besoin d'une table, un modèle simple, j'ai demandé à agence boy1 où je pourrais trouver ça. Coup de fil à agence boy 2 pour s'assurer qu'il avait bien compris et longue réflexion du susdit 2 pour bien assimiler l'anglais "simple table". Longue tractation au mobile passant de main en main avec des efforts dérisoires de ma part pour m'exprimer en chinois (gros problème : les tons).
On me donne une adresse que je ne sais même pas si c'est dans le magasin qu'il m'ont plus ou moins indiqué que je suis allée, toujours est-il que j'ai enfin cette "simple table" et que j'en suis très contente. Au passage, j'ai réussi à me faire livrer la table, quand même. Et là, personne ne parlait anglais.
A propos d'anglais, quand je pose des questions dans la rue, souvent des jeunes filles s'arrêtent pour écouter et tester leur anglais. On les voit qui ont le désir de vous adresser la parole, quelquefois pour montrer à leur mère qui les accompagne quand c'est le cas, toujours pour s'exercer un peu. Et ça leur plait, visiblement.
Moi, évidemment, je ne suis pas ravie d'avoir recours à l'anglais, mais ça semble leur faire tellement plaisir...

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est pas parce qu'on est en Chine qu'on peut faire du chinois. Je m'explique : l'oral sauvage peut-être, mais l'écrit rien du tout, c'est travail perso obligatoire.
Alors j'ai pris hier mon courage à deux mains et je suis allée m'inscrire à un cours de chinois. Pendant les vacances de Noël, peut-être, j'irais dans une fac pour suivre un cours intensif.

En dessous une image prise à Gaobeidian, un quartier Sud de Pékin : l'homme perché sur la charette tirée par le cheval vend des pastèques et des melons, au loin le Pékin des buildings.




C'est ce contraste omniprésent hyper-moderne et traditionnel (ce qu'il en reste) qui frappe beaucoup d'occidentaux ici.

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